Les ministères de la Culture et des Arts et du Budget ont déboursé 600.000 dollars pour l'achat des instruments de musique en Suisse. Par rapport à cela, la chanteuse, Tshala Muana Muidikayi a accordé un entretien au journal « Le Potentiel ». Interview.
Quel est, selon vous, l'état actuel de la musique congolaise ?
La musique congolaise se porte bien. Sauf que nous sommes buté à des problèmes d'ordre organisationnel et structurel, notamment sur la performance des studios d'enregistrement, sur la qualité d'équipements musicaux que nous possédons, et surtout sur les montants que nous payons lorsque nos disques sont enregistrés. Dans notre pays, les musiciens ne sont pas subventionnés. L'Etat n'a pas son propre studio d'enregistrement. C'est une faille terrible.
On apprend que vous tenez des réunions avec les ministères de la Culture et du Budget à propos des 2 millions de dollars alloués aux artistes. Où en êtes-vous ?
Cette affaire embête. C'est vrai qu'on a tenu des séances de travail. C'était en présence des services de ces deux ministères. Les experts de ces ministères, en premier lieu, ont souhaité avoir nos propositions pour pouvoir bien repartir cette somme. Et qu'ils allaient nous pourvoir comme dette. Ils ont ignoré que nous étions au courant de la provenance de cet argent. C'est l'argent de l'Etat, sorti du Trésor public. On ne pouvait pas nous endetter. On était pas tout à fait d'accord. Quelque temps après, on nous a appris, que les deux ministères se sont entendus pour construire un bâtiment, sur le site Tembe na tembe, bâtiment qui allait abriter les sièges des différentes corporations.
Samedi dernier, on nous appendrait que le ministre de la Culture et des Arts serait en Suisse pour l'achat des instruments de musique et qu'il serait accompagné de Gina Efonge et Maray-Maray. Cela, à l'insu de tout le monde. Je crois que les instruments de musique n'étaient pas notre priorité. La priorité serait plutôt au niveau des structures. L'on sait que le Secrétariat général de la Culture et des Arts est dans un état de délabrement avancé. Aussi, depuis des années, la Soneca n'a pas de siège. Les différentes corporations sont logées dans des résidences de leurs présidents, etc. Pourquoi ne pas construire un bâtiment pouvant abriter les sièges de ces différentes corporations ?
L'argent alloué aux artistes vaut 2 millions de dollars américains pour toutes les corporations. Pourquoi décaisser 600.000 pour les instruments de musique qui ne serviront pas aux peintres, céramistes et autres ? Nous savons que malgré la sortie de fonds colossal, les artistes musiciens vont continuer à revendiquer. Avec 1.400.000 dollars américains restant combien auront les écrivains (poètes, romanciers, essayistes, etc.), combien auront les dramaturges, combien auront les cinéastes, combien auront les plasticiens (peintres, céramistes, sculpteurs, potiers, batteurs de cuivre, etc.) ? Ça fait peur.
Que dites-vous à propos de l'accroissement de la violence entre musiciens ?
Je déplore la violence entre les musiciens et aussi entre un artiste-musicien et un journaliste ou un animateur d'émission de variétés. Moi, je sais que Djo K et Félix Wazekwa sont en conflit depuis janvier 2006, suite au conflit qui opposait ce dernier, et son manager Café Etienne Tshimanga. Ils sont allés en justice, et je ne connais pas la suite. Nous l'avons déploré dans le cadre de l'Amical des musiciens congolais. Félix Wazekwa accusait son ancien manager, qui battait campagne contre lui, et qui tenait des propos diffamatoires contre lui. Et par rapport à Djo K, ce dernier offrait beaucoup plus de temps à Café Etienne Tshimanga, pour le calomnier.
Je sais que pendant la même période, il y a eu une bagarre terrible, entre les fanatiques de Papa Wemba, Koffi Olomide et Werrason à Paris, plus précisément au restaurant Sapologie Mushaka Mbouela. Le bilan était de six blessés, dont quatre hospitalisés ; et quatre voitures cannibalisées. Toujours dans le cadre de l'Amical des musiciens congolais, nous l'avons condamné. Mais la nouvelle recrudescence de la violence inquiète tout le monde dans le cadre de l'Amical des musiciens congolais.
Si nous lisons bien l'histoire de notre musique, elle n'est contenue que des dissidences et des dislocations. On n'a pas connu la violence entre Vicky Longomba et Franco, ou entre Grand Kallé et Nico Kasanda ou Tabu Ley. Si nous voulons parler des années 70, on dira aussi qu'il n'y a pas eu bagarre entre Zaïko Langa Langa et Viva La Musica. Je dirai même que, nous devons tous condamner ces actes barbares. C'est vraiment désagréable.
Que faire à ce propos ?
L'année dernière, il s'est tenu les états généraux de la culture et des arts. Le ministère de tutelle, a réuni plus de 300 experts culturels et des professionnels nationaux, afin d'examiner les problèmes que connaît le secteur artistico-culturel en vue de contribuer à l'amélioration de l'édifice culturel du pays. Il serait souhaitable que les services du ministère applique les recommandations de ces états généraux.
Je profite de l'occasion pour annoncer à mes fans que je viens de terminer mon prochain album qui comprend dix titres, je me prépare pour d'autres travaux, qui se feront en Europe.